Polémiques et Controverses: Biométrie : une technologie qui fait débat

Polémiques et Controverses

17 mars 2006

Biométrie : une technologie qui fait débat


Présentée comme la solution d'avenir aux problèmes de sécurité informatique, la biométrie s'installe progressivement dans notre vie quotidienne. Cette technologie n'est pourtant pas infaillible et suscite des réticences, notamment au niveau de la protection de la vie privée. Explications.


Face à la recrudescence des attaques des virus, chevaux de Troie et autres tentatives de piratage, les particuliers et les professionnels se tournent de plus en plus souvent vers des solutions réputées infaillibles, comme la biométrie.

La reconnaissance par les empreintes digitales, le contour de la main ou encore l'iris fascine le grand public par ses aspects futuristiques et séduit les autorités par leur haut niveau de protection. Et ceci, pas seulement dans le domaine de la sécurité informatique.

Ainsi, la Commission européenne préconise l'intégration d'éléments biométriques dans les passeports des ressortissants de l'Union. Et une banque japonaise a déjà introduit un système de reconnaissance du contour de la main pour éviter à ses clients de taper leur code lors du retrait d'argent dans ses distributeurs automatiques. Enfin, plusieurs solutions de sécurité informatique basées sur la biométrie sont largement commercialisées depuis plusieurs années, certaines écoles faisant même appel aux empreintes digitales pour reconnaître les enfants qui fréquentent la cantine.

La technologie n'est pas infaillible

Si sous la pression des Etats-Unis, les pays européens décident d'intégrer la biométrie dans les documents d'identité, les experts sont unanimes pour affirmer que les conséquences d'une utilisation à grande échelle de cette technologie restent inconnues. Aujourd'hui, la biométrie est encore loin d'être infaillible, avec des taux d'erreur qui peuvent aller jusqu'à 40 % dans le cas de la reconnaissance faciale.

Concernant les empreintes digitales, pourtant considérées comme plus sûres, un test réalisé au Japon a démontré en 2002 qu'elles n'étaient pas non plus infalsifiables : le chercheur avait fabriqué de "vraies-fausses" empreintes digitales en gélatine qui ont réussi à leurrer 11 des 15 systèmes biométriques testés. L'expérience a été renouvelée lors du dernier Chaos Computer Club à Berlin. Les hackers qui ont relevé le défi avaient utilisé cette fois du latex liquide pour recopier une empreinte digitale?

Des "outils" a priori inchangeables et irremplaçables

L'identification par empreinte digitale, par l'iris, par le contour de la main ou du visage suppose dans la plupart des cas un stockage de ces informations. Où se trouve alors la frontière entre cette sauvegarde nécessaire et le fichage des individus ? Selon certaines organisations de défense de la vie privée, la généralisation de la biométrie, surtout dans certains pays non respectueux des droits de l'homme, revient à banaliser le fichage. En France, la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) a par exemple trouvé "disproportionnée" l'utilisation de la reconnaissance par empreinte digitale pour identifier les élèves dans les cantines scolaires.

Si la biométrie suscite de telles polémiques, c'est aussi parce qu'elle se base sur des "outils" que l'on ne pourrait ni changer ni remplacer en cas de problème. Les plus sceptiques évoquent la possibilité de "vols d'organes" en cas de généralisation dans le secteur bancaire des techniques de reconnaissance des empreintes digitales ou du contour de la main.

D'autres dessinent un avenir particulièrement obscur, à l'image du film "Minority report" : parce que son iris était "black-listé" par les autorités, le héros du film est obligé de subir une transplantation des yeux. Même si l'on est aujourd'hui loin de ces cas de science-fiction qui font frémir, la biométrie pose toujours le problème du juste milieu entre sécurité et protection de la vie privée. Un débat qui ne fait que commencer.

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Malcolm Saint Juste, 11:44